Comment porter un gilet de costume avec style ?

Depuis plusieurs siècles, le port du gilet est l'apanage des hommes élégants.

Longtemps indissociable du costume, il s'est modernisé tout au long de son existence. Laine, lin, soie, voire denim : ses déclinaisons sont multiples, de même que les styles où il s'incorpore.

En petit archéologue de la mode, j'ai cherché à savoir où et quand ce vêtement emblématique du vestiaire masculin est apparu.

Nous verrons aussi comment le choisir et, surtout, le porter !

Pour la petite histoire…

Première info amusante, les origines du gilet seraient antérieures à celles… du costume lui-même. C'est aux Perses que revient sa création. Les grands voyageurs anglais le ramènent à la cour, après leur expédition en Asie. Très vite, il est adopté par la noblesse de l'époque.

Lors de son exil forcé en France, le roi Charles II remarque le faste et l'opulence des habits de la cour française. Une fois de retour, il souhaite changer les habitudes vestimentaires dans son pays,de telle sorte à les adapter à un mode de vie plus anglais : chasse, équitation, sport et séjours à la campagne.

Évolution du gilet : De gauche à droite, gilet des années 1620, 1740 (époque Louis XV), 1780 (époque Louis XVI avant la Révolution Française). Progressivement, les ornements massifs disparaissent et la pièce se simplifie. Cette évolution continuera jusqu'à aujourd'hui.

Le gilet devient alors une pièce centrale des tenues de la noblesse. Jusqu'au XVIIIe siècle, on le porte abondamment orné, coloré, cousu de fils d'or, dans des tissus précieux… Bref, de vraies pièces d'art.

Au XIXe siècle, avec le déclin des monarchies européennes et l'essor de la Révolution Industrielle, le costume — a fortiori, le gilet — se porte plus sobrement. Il s'intègre alors dans le costume dit “trois pièces” des gentilhommes.

Miniature représentant un gentilhomme des années 1780 à gauche et des années 1801 à droite. On voit bien l'évolution de la tenue et, parallèlement, du gilet. La silhouette s'est simplifiée, désormais plus sobre suite à la Révolution Française. Le principe étant de rompre avec le faste passé de la monarchie absolue.

Il continue d'évoluer depuis : plus cintré, plus léger, plus discret… Il inspire et se décline de nombreuses façon. On regarde ça de plus près !

La matière change également, comme ici avec ces modèles au denim. Un bon moyen pour glisser une touche casual dans une tenue habillée !

Comment choisir un gilet ?

L'intérêt de cette pièce réside dans le fait qu'elle apporte une certaine structure à la silhouette. Voilà l'idée que vous devrez toujours garder en tête lorsque vous porter le gilet, sous peine d'égarements douteux…

Zoom sur la (dé)coupe

Petite checklist à l'essayage :

  • on porte le gilet cintré et ajusté,
  • l'emmanchure est suffisamment haute pour conserver sa liberté de mouvement,
  • il épouse les épaules et le torse. Si vous sentez que ça tire au niveau des boutons, considérez que la taille n'est pas bonne. Et non, rentrer le ventre, ça ne compte pas !

Toujours parce qu'il structure la tenue, on le porte toujours boutonné, au moins partiellement. Un gilet ouvert, qui baille, n'apporte pas grand chose.

Un gilet bien taillé se doit d'être cintré afin de fitter la tenue. Il doit aussi être boutonné (exception faite du dernier bouton). Ici, Arnaud de VeryGoodLord le porte parfaitement dans un costume trois-pièces.

On retient deux formes principales :

  • le plus formel demeure le gilet croisé . Il dispose de deux colonnes de quatre à six boutons, le côté gauche se superposant au droit, et les revers sont souvent plus larges que sur les gilets simples. Il peut y avoir deux à quatre poches.
  • le gilet droit ne comporte qu'une simple colonne de quatre à six boutons, avec des revers plus discrets. Sa version sans revers, avec un col plus plongeant, s'intègrera plutôt dans un ensemble type costume trois-pièces.

De gauche à droite, un modèle de gilet simple et un croisé. Il en existe dans des modèles bien plus variés, notamment avec revers simples, cols châle ou cols arrondis.

D'ordinaire, le gilet recouvre la ceinture et ses extrémités se finissent en pointe. Pourtant, des modèles plus contemporains raccourcissent et laissent apparaître la ceinture. Ce type sera utilisé pour composer des looks beaucoup moins formels.

Ce type de design plus contemporain donne un caractère tout autre au gilet croisé, habituellement plus formel. Confectionné dans une matière plus épaisse, il reprend les codes classiques mais va s'arrêter au-dessus de la ceinture. Son aspect brut est parfait pour un style workwear. Les tatouages sont en option.

On passe au deuxième point déterminant : la matière.

Zoom sur la confection

Un gilet est généralement construit en deux parties. Le dos est souvent en viscose ou en soie. On note aussi la présence d'une martingale permettant de le cintrer à sa guise, si celui-ci venait à manquer de tenue.

Comme je vous l'ai dit précédemment, il se porte ajusté et fermé. C'est une pièce qui a vocation à galber le torse : afin d'assurer une circulation optimale de l'air et éviter de perdre trois litres d'eau à chaque fois que vous le porter, privilégiez les matières naturelles.

Je vous conseille de vous concentrer sur de la laine un peu rugueuse, du velours, du tweed, du coton ou même de la soie.

Modèles de la marque Hackett. De gauche à droite, gilet en tweed, en laine et en lin.

S'agissant du choix de la matière, réfléchissez à l'usage que vous voudrez en faire ! Jouez sur les textures, qui apporteront d'autant plus de cachet à votre pièce.

Le gilet a plus une connotation formelle dans l'imaginaire collectif, mais rien n'empêche de l'inclure dans un look plus workwear ou casual. Choisissez des matières à l'aspect brut dans ce cas. Par exemple, on peut imaginer un gilet en tweed porté sur une chemise en flanelle, avec un denim brut et une paire de boots ayant un peu vécu…

Parlons bien, parlons style !

Comment porter un gilet ?

Exception faite du costume trois-pièces, on l'assume comme élément à part entière de la tenue.

On l'aime surtout pour la structure qu'il apporte à la silhouette, et son élégance que l'on peut s'amuser à décaler.

Vous allez voir, ce n'est pas si compliqué !

Version simple

Les motifs, de couleurs contrastantes, font de ce gilet la pièce forte de la tenue. Avec un modèle comme celui-ci, il faut privilégier des éléments “neutres” pour le reste du look. Ici, une chemise blanche, un pantalon cargo kaki en flanelle (et cravate assortie), avec de petites boots en cuir. Les proportions sont respectées, le gilet souligne la silhouette de Luca et les teintes fonctionnent très bien entre elles. (Gilet SuitSupply)

Parfait exemple d'une tenue aux inspirations formelles, décalées par le jean brut et les workboots. On mixe les textures (le tweed du gilet — avec suffisamment de relief pour compléter le jean —, le denim, le coton de la chemise et le cuir) pour créer du contraste entre les matières, le look gagnant ainsi en relief. Notez que la longueur du gilet permet de laisser entrevoir la ceinture.

Version formelle

Ci-dessus, David Gandy, véritable maître en matière de gilet pour homme. L'une des façons les plus élégantes de le porter est de revêtir un costume trois-pièces. Ce camaïeu de bleus offre un rendu élégant et harmonieux, pour une silhouette voulue fittée. Pour un costume trois-pièces, privilégiez des matières texturée, avec une main un peu “rugueuse”, comme ici avec la laine chinée. Réservez les étoffes plus lisses et satinées aux grandes occasions.

Autre option possible, garder la veste et le gilet allant de paire, en cassant l'ensemble avec un pantalon dépareillé. Opter pour un haut clair et un bas plus foncé reste l'option la plus facile. Le look est résolument sartorial (d'autant plus avec un gilet croisé). Vous pouvez accessoiriser en faisant attention à bien mixer les différentes couleurs comme ici avec une cravate cognac, un chapeau en feutre marron et une pochette vert sapin, qui ravivent la tenue sans nous submerger visuellement.

Version layering

Le gilet en lin crème est intégré en version layering sous un blazer gris et sur une chemise blanche. RAS niveau couleurs, les nuances sont douces et se marient bien entre elles. Notez d'ailleurs l'utilisation d'un chino orange pâle, offrant une certaine originalité sans être criard pour autant. Le gilet n'est boutonné qu'une fois, renvoyant une vision plus décontractée, tout en gardant le côté cintré de la tenue.

Encore une fois, notre égérie officielle pour cet article nous offre un parfait exemple de gilet porté en layering. Encadré par une chemise blanche classique, une cravate relativement neutre et un pantalon navy, le gilet est mis en valeur et devient la pièce centrale. La veste en daim, choisie dans une teinte proche du gilet, renforce la dimension casual et contraste joliment.

Comme toujours s'agissant de mode, il y a de tout, à boire et à manger, du beau et… du moins beau. Voyez par vous même.

François