Le vêtement pour hommes est en pleine évolution

A la Fashion week de Milan, lors du défilé homme de Bottega Veneta, en janvier, tous les blogues mode avaient noté à quel point la collection présentée par Tomas Maier, le directeur artistique de la marque italiene donnait d'emblée «une merveilleuse impression de détente». Le site italien Fashionblog notait:

«En substance, Bottega Veneta fait faire un tour complet à l'homme contemporain, qui choisit désormais la mode par rapport à son côté pratique et confortable. On en oublie complètement le besoin angoissant de stupéfier: l'homme de Bottega Veneta est le genre de personne qui, s'il a froid, attrape un cardigan agréable et puis c'est tout, il ne se met pas à se poser des questions sur la couleur ou le modèle.»

D'autres collections, comme chez Berluti, se focalisaient sur ce confort. Au Figaro, Alice Feillard, acheteuse créateurs au Printemps de l'Homme, expliquait d'ailleurs fin mars:

«De manière générale, les hommes sont plus décontractés sur les questions vestimentaires. Beaucoup ne vont plus travailler en costume tous les jours et l'association pull-pantalon devient une alternative de plus en plus acceptable au bureau. Les créateurs, toujours en lien avec les évolutions de la société, misent beaucoup sur ces articles, certes informels, mais de plus en plus travaillés, aboutis et élégants»

«La garde-robe masculine a énormément évolué» explique au New York Times Tomas Maier, dans un article du 3 avril.

Après le «tourbillon» Armani dans les années 80, explique le quotidien américain, les costumes pour hommes s'étaient installés dans une «routine: ils étaient droits, sombres, cassaient juste au-dessus des mocassins, presque des uniformes à pein notables».

Thom Browne, styliste américain, auteur d'une marque de prêt à porter du même nom, mit fin à ce calme plat avec Rocco Ciccarelli, tailleur légendaire, en proposant des costumes dont les ourlets arrivaient au-dessus du talus. (Hedi Slimane, chez Dior, avait aussi énormément contribué à faire bouger les choses)

Après ces deux types de costume –le Thom Browne s'ajoutant au classique– un troisième apparaît désormais, selon le New York Times: «un costume qui bouge».

«La nouvelle liberté dans les vêtements pour hommes est d'avoir des costumes, autre chose que des costumes, et quelque chose entre les deux, vivant sur un territoire intermédiaire nébuleux.»

Le New York Times:

«”Il y a un énorme changement en cours dans l'attention que l'on porte aux vêtements d'hommes, selon Tom Kalenderian, vice-président exécutif des vêtements hommes de Barneys New York, qui travaille dans l'industrie depuis 35 ans. “Et cela vient directement ds hommes” (…) Et les articles n'utilisent plus des mots comme “métrosexuels”. Il y a 5 ans on devait s'excuser que des hommes achètent des sacs.»

Le NYT cite un récent rapport de Bain & Company sur le prêt-à-porter masculin: il a généré 28milliards de dollars en 2014, et croît plus rapidement que le prêt-à-porter féminin. En 2013, un article de Next notait que la Chine avait joué un rôle fondamental dans cette évolution de la mode homme:

«la part de l’homme y représente près de 70% du marché du luxe, qui a vraiment pris son envol il y a une dizaine d’années et dont la croissance atteint maintenant 25% par an. Cette prépondérance s’explique par l’histoire du pays où, traditionnellement, ce sont les hommes qui voyagent et ont besoin d’être élégants tandis que les femmes, cantonnées à la maison, n’ont pas d’occasion où développer leur culture mode.»

Mais l'explication est aussi sociologique: «l'essor de la mode masculine est une réaction au mouvement de libération des femmes, les hommes revendiquant aussi une liberté vestimentaire totale» expliquait en janvier dernier Gérald Cohen, auteur de La Mode comme observatoire du monde qui change au site Culture Box.

Caroline